Ilya Komov est artiste-peintre de Moscou, médaille d’argent de l’Académie russe des beaux-arts, médaille d’argent de l’Union des artistes de la Russie, premier prix de l’Union des peintres de Moscou et du concours « Pinceau d’or ». En 2000, il a été sélectionné par la revue Litsa (« visages ») pour figurer parmi les personnes émérites du nouveau millénaire. Depuis quelque temps, la vie et l’œuvre du peintre sont étroitement liées avec la France. Aujourd’hui, Ilya Komov est invité de Perspective.
– Ilya, avec quoi a commencé votre amour pour la France ?
– Cela pourrait surprendre : avec l’école. J’ai fait mes études à l’école spécialisée en langue française № 12 V.Polenov, rue Arbat. Depuis l’âge de 8 ans, j’étudie le français et, évidemment, l’histoire et la culture de ce pays.
Ces dernières années, je viens souvent en France. J’aime surtout Paris. J’en suis tombé amoureux dès mon premier voyage en 2009. C’est à cette ville que mes trois expositions personnelles ont eu lieu.
J’aime beaucoup la cuisine française et le vin français. Je préfère les films français, aussi bien anciens que contemporains, aux films russes. J’ai trouvé ici des amis français.
– Ilya, je sais que vous vous spécialisez dans la peinture de portraits. Comment travaillez-vous le portrait ? Y a-t-il des secrets particuliers ?
– Il n’y a pas de secrets. L’essentiel est que la personne m’intéresse. J’aspire en premier lieu à la contenance de l’image, après, à la ressemblance. Par exemple, j’estime que reproduire le regard dans un portrait est le composant le plus important de l’image. « Les yeux sont le miroir de l’âme » : ce n’est pas une banalité, c’est la vérité de l’art.
Communiquer personnellement avec une personne est important pour moi, entendre ses récits sur la vie, ses amis, de différents cas amusants. Je travaille très vite. D’habitude une séance me suffit pour faire le portrait, reproduire le caractère et mon attitude au personnage. Presque toujours, nous devenons des amis, ouverts l’un pour l’autre.
Je crée mes œuvres « en langue russe » basée sur l’expérience de l’ancien art russe (des fresques) et du contemporain (de l’abstraction) où la couleur exprime l’essence de l’image. Cela plaît beaucoup à mes amis français.
– Est-ce vrai qu’en travaillant sur le projet « Portrait russe » en Inde, vous avez reçu la reconnaissance de Sonia Gandhi, présidente du « Parti du Congrès de l’Inde » ?
– Je travaille sur le projet « Portrait russe » depuis 1996. En 2005, j’ai effectué un voyage artistique en Inde où j’ai créé une série de peintures « Le portrait russe de l’Inde ». J’ai fait des portraits des gens estimables et des plus simples indigènes. Je suis allé dans une communauté de Sikhs ; même au marché, j’installais la toile et je commençais à peindre. C’est alors que j’ai été invité à une audience avec Sonia Gandhi qui a hautement apprécié mon œuvre. Dans sa lettre, à l’occasion de l’inauguration de mon exposition personnelle à New Delhi, elle a écrit : « Merci pour votre amour envers mon peuple qui est si bien exprimé dans vos œuvres. »
– Parlez de vos rencontres les plus extraordinaires que Paris vous a offertes.
– Je suis ami avec beaucoup de comédiens de théâtre et de cinéma. Je les peins toujours d’après nature, en contact, dans la discussion. En France, l’année 2010 est devenue la plus fructueuse pour moi quand j’ai commencé mon nouveau projet de portrait « Trouver un homme ». Cette année croisée franco-russe, j’ai pu faire connaissance avec beaucoup d’acteurs connus et que j’aime beaucoup ; chacun a révélé son côté inattendu pour moi.
Par exemple, Michel Galabru, que je connaissais d’après les comédies classiques, s’est révélé un acteur très sérieux. Aujourd’hui, il a près de quatre-vingt-dix ans, mais il joue toujours au théâtre et se sent gêné par ses films « Le gendarme se marie », « Avare », « La cuisine au beurre ». Dans ces films, il a joué avec Louis de Funès. Pendant la Seconde guerre mondiale, il a participé à la Résistance. Il s’est retrouvé dans un camp de concentration où il y avait beaucoup d’étrangers. Là-bas, comme il le dit, il a pu apprécier la beauté des femmes russes !
Peu avant mon arrivée en France, j’ai vu le film de Cédric Klapisch « Paris », avec Julie Ferrier. Par l’intermédiaire de connaissances, je lui ai demandé l’honneur de faire son portrait, tant elle m’a plue dans le rôle tragique de ce film. Comme il s’est avéré plus tard, elle a accepté uniquement parce que je suis peintre russe. Elle refusait les propositions des autres peintres.
Elle m’a raconté que son père avait huit frères et ils ont tous adopté l’orthodoxie, étant français et n’ayant aucune origine russe. Quelqu’un de sa famille est devenu moine et pendant plus de quarante ans a servi dans une église russe hors frontière à Fontainebleau. Que Julie Ferrier fut connue en France comme comédienne fut pour moi une révélation, puisque je la prenais pour une tragédienne.
Il en est ainsi lorsque je peins, j’apprends toujours beaucoup de nouveau et d’extraordinaire.
Jean-Laurent Cochet n’est pas très connu en Russie, mais en France c’est un personnage mythique. En premier lieu, il est connu en tant que professeur d’art dramatique : beaucoup de vedettes de cinéma ont été ses élèves, par exemple, Jean Reno, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini. J’ai aussi peint le portrait de son élève préféré : Arnaud Denis. Après avoir vu le spectacle « Les Femmes savantes » avec sa participation, je suis convaincu qu’avec le temps il deviendra une vedette comme d’autres élèves de Jean Cochet.
– Ilya, les amateurs de la peinture en France, ont-ils déjà pu découvrir votre œuvre ?
– L’année dernière seulement, j’avais plusieurs expositions personnelles en France : en mars, dans la galerie «Ferme des jeux» à Vaux-le-Pénil, en avril, dans «La petite galerie» à Paris, en décembre, à «I-gallery» à Montmartre.
Du 8 au 11 décembre, ma femme Olga Motovilova-Komova, peintre elle aussi, et moi-même avons participé au salon consacré au 150e anniversaire de la Société nationale des beaux-arts (SNBA) qui s’est tenu à Carrousel du Louvre. Cette année déjà, Olga a eu son exposition personnelle à «La Petite Galerie».
Nous avons beaucoup de projets liés à ce beau pays, et j’espère que vos lecteurs pourront voir nos œuvres en France plus d’une fois.
Interview prise par Natalia MEDVEDEVA, Paris